A. H. van Muyden, début du 20e s., document du fonds Henry Wuilloud, AEV
« Sur la table en mélèze De l’accueillant chalet, La fille de Savièse A mis un gobelet.
Voyons ! Vite qu’on aille Par le mince escalier Tâter si la futaille Est encore au cellier ?
Oui, la futaille est pleine, Et déjà, d’un flacon, La fille d’Evolène Fait sauter le bouchon.
Tudieu ! La fine goutte ! Quel parfum délicat ! Et comme il vous ragoûte ! Ce petit vin muscat !
Hé ! Hé ! le soleil danse Déjà de bon matin : Voyez-le sur la panse Des channes en étain.
Il allume les vitres, Et sur les deux dressoirs Fait flamboyer les litres Comme avec des ostensoirs.
Oh ! le joli dimanche, Tant pis pour le curé : Je veux voir si ta manche Cache un bras à mon gré;
Viens ici, Catherine : Ce beau fichu frangé Que bombe ta poitrine, Et un peu dérangé;
Et toi, Babi la blonde, Il me semble, par bleu, Que ta jambe est bien ronde En bas de coton bleu.
Et que ta jarretière… – Monsieur ! c’en est assez. – Dieu, quelle mine altière Et quels airs offensés !
Pourquoi donc ces colères Et ces : allez-vous-en ?… C’est la faute mes chères, Du muscat valaisan. »